I don't care

Expatriation : ne plus se sentir concerné par son Pays ?

Au moment où j’écris ces lignes, à la suite du premier tour des éléctions régionales, le FN est devenu le parti le plus populaire en France…

La France va mal. Je regarde cela de loin… et je dois avouer que je ne me sens pas vraiment concernée.

Depuis que je suis en Allemagne, j’ai voté pour les élections présidentielles en France, les élections communales en Allemagne et les élections européennes en Allemagne… J’ai donc déjà voté pour trois pays différents : la France, l’Allemagne et l’Union Européenne (oui, pour moi l’UE, c’est un peu comme un grand pays) 🙂

Au final, j’ai des droits politiques un peu partout (je ne me plains pas, c’est bien), mais je ne vis plus en France depuis plus de deux ans et je me sens un peu éloignée de ma région… d’autant plus que je ne viens pas d’une région avec un fort sentiment d’appartenance comme l’Alsace, la Bretagne ou la Corse, mais juste de l’Ile-de-France.

Vous le savez certainement, l’Union Européenne a accordé le droit aux ressortissant européens de voter pour les élections locales : si vous vivez dans l’UE, vous pouvez voter pour les élections de la ville dans laquelle vous habitez !

Pourquoi ? L’UE estime que ces élections vous concernent directement : la ville fixe une partie des impôts par exemple. On pourrait argumenter qu’une élection nationale a aussi une influence sur votre vie dans le pays, mais bon, le vote des étrangers aux élections nationales est tout de même un peu trop progressiste pour le moment…

Mais pouvez-vous voter en France pour des élections locales ou régionales alors même que vous n’y vivez plus, et que pour être honnête, cela ne vous concerne plus vraiment ? La réponse est : Oui. Vous devrez par contre voter en France ou faire procuration.

Je l’avoue, je n’ai pas fait la procuration pour voter aux élections régionales.

Voter alors même qu’on ne vit plus dans sa région ?

Je parle pour mon propre cas ici, mais je trouve que ce n’est pas forcément bien de participer aux élections d’une ville ou d’une région si on n’est plus concerné par l’issue de l’élection.

Beaucoup pourront dire que j’écris ceci simplement pour me décharger du fait de ne pas avoir fait procuration… Peut-être.

On pourra aussi me dire que c’est mon devoir de voter pour éviter la montée des extrêmes… Mais n’habitant plus en France, est-ce que je dois vraiment me faire la justicière de tout un pays ?

Je sais que ce n’est pas bien et que ce n’est pas accepté, mais en tant qu’expat, je ne me sens pas concernée par les élections régionales… Ces élections sont trop éloignées et je ne comprends pas vraiment en quoi elles me concernent…

Voilà, c’est dit ! La fibre patriotique ne prend plus… Désolé pour les français de France que j’ai l’impression d’un peu laisser tomber.

Se sentir comme un traître à son pays… Expat Insoucieux

Rien qu’en écrivant ces lignes, je me sens coupable alors qu’intérieurement je sais que je ne devrais pas. Est-ce que cela vous arrive aussi ?

Lorsque je parle avec des amis expats, il m’arrive de dire : « je suis contente de ne pas être en France en ce moment, c’est vraiment le bordel ! »… et je le pense.

Les expats sont un peu des étrangers à leur pays… Ils vivent dans leur bulle. Souvent, ils ne s’identifient pas (ou plus) vraiment à la politique d’un des pays auxquels ils sont rattachés. Leur pays d’origine semble assez éloigné et le pays d’adoption est trop différent…

Pour les expatriés, il est donc facile de faire abstraction de tous les problèmes de société. Ils ne sont ni en France, ni vraiment ailleurs… et ne s’identifient plus à personne. Ils sont des gens à part, quelle arrogance me direz-vous (et vous aurez bien raison !).

Est-ce que rien ne semble vraiment concerner les expats ? Pour ma part, je m’informe sur l’actualité française avec de plus en plus de détachement. Je suis parfois amusée, parfois consternée mais je me sens de moins en moins concernée.

« – Le FN a recueilli a obtenu les meilleurs résultats aux élections ? – Ah, c’est bien dommage ». « Le RER A paralysé à cause de grèves ? – Ah, encore ? » Mon degré d’agacement n’ira pas plus loin.

Pour moi, les informations françaises sont trop nationales et je ne m’y identifie plus comme je le faisais. Paradoxe : je ne m’identifie pas plus avec l’actualité allemande (le pays dans lequel je vis actuellement), sûrement car je sais que cela ne sera pas ma destination finale.

En y réfléchissant, j’aimerais me sentir plus proche de l’actualité européenne. 70% des lois nationales résultent de directives ou de règlements européens et en m’informant, je pourrais être sûre que ceci aura un impact sur ma vie de française de l’étranger.

Pour les expats qui ont fait le choix d’une grande expatriation (je veux dire par là, le choix de s’installer dans un pays à l’extérieur de l’Union Européenne), je n’ose même pas m’imaginer ce qu’ils ressentent. Ils doivent être un peu perdus…

Le problème, c’est qu’en France, on est un peu nombriliste. Il existe peu de média traitant de l’actualité européenne ou du moins je n’en connais pas… D’ailleurs, si vous avez quelques suggestions, je suis preneuse (inscrivez les noms des journaux ou sites internet en commentaires) !

En fait, lorsque l’Union Européenne est à l’origine d’un changement légal positif, le gouvernement le prendra à son avantage, mais lorsque la directive est critiquée, les médias n’hésiteront pas à blâmer l’UE.

En tant qu’expat, se tenir informé de l’actualité peut être difficile. Suivez-vous l’actualité française comme beaucoup d’expatriés ou avez-vous fait le choix de vous identifier à l’actualité de votre pays d’adoption ? Avez-vous le temps de vous informer sur vos deux pays simultanément ?

Ce ne sont pas les moyens de communication qui manquent de nos jours mais je me sens malgré tout perdue… Y aurait-il une nouvelle génération de citoyen du monde ?

Photo principale © Bryan Bruchman via Flickr

A propos de Marie

Après avoir vécu en Allemagne de manière alternée pendant plus de deux ans, je me suis enfin installée à Düsseldorf et je compte bien y rester... Pour toujours ? Non, la vie d'expatrié, c'est fait pour bouger ! Découvrez avec moi les petites manies des allemands (mais aussi des français !) et apprenez à tolérer et comprendre le pays dans lequel vous vivez !

11 commentaires

  1. Pour moi, tant que tu as la nationalité française, ça reste un devoir d’aller voter. Je ne vis plus dans ma région mais j’ai quand même fait une procuration à mes parents, déjà parce que ma famille y vit et je voulais la meilleure administration possible pour ma région d’origine, ensuite parce-que la France m’a beaucoup donné et je m’identifie aux valeurs républicaines qui m’ont été transmises (vu le climat, ça avait son importance). Mais c’est normal que tu te détaches des élections locales malgré tout. Je te fais des gros bisous !

    • Oui et c’est pour cela que j’ai dit que je me sens mal de devoir avouer que je n’ai pas voté… Mais en même temps, vivant à l’étranger, il est très dur de m’intérésser à un vote régional…
      Bisous à toi aussi Alizée !

  2. Les expats sont loin du front …
    Le FN est le parti le plus populaire en France mais les Français ont voté républicain au 2ième tour.
    Les Français sont des résistants.

    Christian Estrosi a battu Marion Maréchal le Pen de 44 voix ! Et avec des voix de gauche.
    Pour remercier ses électeurs, il a choisi de démissionner de ses mandats pour se consacrer à son mandat régional, à ses électeurs et faire de la politique de terrain.
    Xavier Bertrand a choisi de faire de même et de rester au front plutôt que de passer le plus clair de son temps dans des appareils parisiens. Nicolas Sarkozy ne l’a pas encore félicité de son élection.

    Les Français sont des combattants
    Ils ont fait Charlie,
    ils ont fait le Bataclan.
    14-18, c’était il y a 100 ans et aux cérémonies d’anciens combattants, les porte-drapeaux sont de plus en plus vieux mais ils sont là. A la minute de silence, quand les drapeaux doivent s’incliner immobiles pendant une minute, c’est une bataille de plus pour ces grands-pères. Mais ils sont là, en ligne pour tous ceux qui sont tombés.

    J’ai fait le 11 novembre à Vichy : C’est compliqué Vichy pour un 14-18. N’est-ce pas ?
    Mais pour signifier la mémoire et assumer tout le passé sans renier rien ni personne. Quelle gueule, mes amis !!!
    Pour tous, le Souvenir des 4 années à venir doit imaginer la transmission de ces drapeaux des unités combattantes. Des filles, des garçons, jeunes, moins jeunes, des européens pourquoi pas, peu importe mais engagés.
    Rendez-vous le 11 novembre 2016 à ceux qui veulent. On se souviendra des 1ers fusillés

    Je n’ai pas voté non plus au 1er tour, j’ai voté au 2ième tour.
    Les français ont voté au 2ième tour, ce sont des résistants.
    Plus de 100 procurations par jour dans tous les commissariats de France.
    Les secrétaires de mon bureau de vote étaient tous âgés (c’est parce que ça rime avec engagés ?)
    Le lendemain, quand j’en ai croisé, ils rayonnaient
    Ils remerciaient d’être venus voter, ils étaient fiers du vote collectif et heureux de l’avoir facilité.
    Pas de jeunes.

    L’Europe ? Ah l’Europe.
    Au fil des ans de coopération professionnelle et de voyages d’agrément, je me suis convaincu que l’Europe n’est pas construite pas les no-land et les technocrates à Bruxelles et à Strasbourg. Elle sera d’abord culturelle, la politique et le droit ne font que suivre ce que le peuple pratique dans les faits.
    Valery Giscard d’Estaing qui est certainement l’un des européens les plus convaincus de ce siècle avec Willy Brandt, le reconnait à demi-mot au crépuscule de sa vie : Imposer Maastricht aux Européens est peut-être une des erreurs qui a le plus pousser le populisme dans tous les pays d’Europe.

    L’Europe existe avec des irlandais de Dublin, des Espagnols de Barcelone, des Français de Paris, des Roumains de Bucarest. Chacun apporte sa richesse et une place pour celles des autres.
    Sans richesse, on ne peut pas contribuer.
    Sans place, on n’accepte pas de construire ensemble.

    Dans mon entreprise, avec des français de Paris, des Français de Bretagne, des français de Lyon, des belges, des portugais on travaille à construire un système européen.
    Les bretons sont trop bretons, pas assez ouverts et politiques.
    Les parisiens et les lisboètes sont toujours nécessaires sur le terrain au plus près de l’action pour garder la cohésion et trouver le consensus.
    De quoi, ça leur vient ? Pas simple à dire en 2 mots : Formulons ça comme de la culture éduquée : La culture ouverte de leur région les a plus préparés pour l’éducation et les outils du monde (les langues, la compta anglo-saxonne, le marketing, les maths statistiques, l’informatique collaborative, l’art alternatif),

    Et les migrants dans tout ça ?
    Les migrants font renaître les frontières et les identités, celles-là même qui construisent l’Europe. Ils vont donc devoir en choisir une, ne pourront n’en avoir aucune ou en garder une étrangère. Toutes les régions d’Europe les plus tolérantes l’expriment.
    Les dirigeants sont perdants quand, sous la pression des lobbies, ils ont cru intégrer des quotas pour faire des ouvriers de chaînes, des caissières, des aides de vie pour leurs maisons de retraite remplies.

    Les français sont rayonnants.
    Louis XiV n’est-il pas le roi Soleil, Paris n’est-elle pas la ville lumière ?
    Ils ont été surpris que leurs valeurs ont été capables d’éclairer tous les monuments de la planète.
    Le Corcovado de Rio drapé Bleu blanc rouge, ça avait de la gueule, n’est-il-pas ?

    Les français sont tolérants.
    Toutes ces bougies sont vues comme religieuses
    C’était à la fois plus et moins que ça : De timides expressions de ce qui ne doit pas s’éteindre. Les employés de la propreté de Paris n’osent d’ailleurs toujours pas les enlever du trottoir.
    Quel est le plus fort commandement ? le 1er, le 5ième, le dernier ? Aucun.
    Les Français ne sont pas croyants, ils ne sont pas obligés de l’être. Leur religion leur tolère de ne pas croire. Les chrétiens sont libres depuis qu’ils se sont éloignés de la Palestine, installés à Izmir puis à Rome, puis plus loin encore. Ils ont pu ainsi manger et boire ce qu’ils veulent, s’habiller librement, écouter ce qu’ils veulent.

    C’est donnant donnant
    On dit bonjour dans le bus, on sourit dans le bus, on laisse sa place, on partage les valeurs et les codes et au bout d’un moment, on fait partie de la communauté du bus.
    Chacun met dans le caddie, se voit remercier et est fier de contribuer. A chaque fois, la contribution se repète et construit la communauté.

    • Hello ! Tu étais inspiré ! Oui, la situation actuelle est sûrement plus difficile à comprendre que cela et on ne peux pas la résumer en un article de 900 mots…
      Bravo en tout cas pour ton texte, il est beau et inspirant ! 🙂

  3. Coucou Marie ! Je réagis à ton article près d’un mois plus tard, mais je me suis senties concerné par ce que tu dis et je voulais y poser un peu mon grain de sel.
    Je suis expatriée aussi mais en dehors de l’union européenne.
    Encore jeune expat’, je me sens autant concerné par mon pays d’origine que mon pays d’accueil. Je continue a suivre les informations françaises d’un oeil et les informations malgaches d’un autre. Je continue a voter pour les élections de mon pays car, quoiqu’il en soit, je reste française et je trouve ça important (et de toute manière, je ne peux pas voter pour des élections malgaches). Par contre, en parlant justement de ces élections régionales, j’avais eu une discussion avec des amis de France et devant une divergence d’opinion avec l’un d’entre eux, j’ai eu comme réflexion: de toute manière, tu vis à des milliers de kilomètre de là, ça ne te concerne plus.
    Je suis restée un moment muette devant ce commentaire essayant de comprendre ce qu’il voulait dire. Pour lui, s’expatrier, c’est renoncer à son pays, à ses origines ? Finalement, est ce qu’on devient un traitre (pour reprendre tes mots) du moment qu’on décide de quitter son pays ?
    Son point de vu m’a fait réfléchir, pourtant, une chose est sure: au fond de moi, je me sens française avant tout et j’ai besoin de me rattacher à ça, à défaut d’autre chose.

    • Bonjour Charly ! 🙂 Merci pour ton commentaire et désolé pour ma réponse tardive, mais bon parfois il est dur de réagir vite sur son blog… Bravo pour ton blog d’ailleurs ! La vie à Madagascar doit être vraiment bien différente !!!
      Oui, je me sens aussi toujours très attachée à la France car je ne peux quand même pas « renier » un pays dans lequel j’ai vécu une vingtaine d’années ! Mais c’est vrai que ces élections régionales ne m’ont pas trop emballées… ce qui est peut-être une erreur car la région est vraiment importante pour mener la politique nationale !
      En tout cas, c’est intéréssant de voir que nos amis peuvent utiliser l’expatriation pour dire « oh de toute façon, tu ne vis plus en France, tu n’as rien à en dire »… Cela montre bien qu’on reste quand même dans une situation un peu particulière : à cheval sur deux pays !
      Profite en tout cas bien à Madagascar ! 🙂

  4. Offshore dubai

    Bonjour! en passant vous avez tout juste, joli article et bonne continuation

  5. Pour nouvelles plus globales de l’Europe, « Courrier International », non ?Et pour ceux qui vivent à Düsseldorf, notre Atelier-Théâtre monte un spectacle de Cabaret les dimanche(s) 24 juin et 1er juillet à 18h. Le premier au Tagelkarn, le second au Theatermuseum. Programme final à venir bientôt. Bravo pour ce blog. J’en ai commencé un qu’il faudra bien que je reprenne un de ces jours : https://parisdusseldorf.wordpress.com/

  6. J’ai quitté la France il y a 21 ans, j’ai depuis vécu 3 ans en Irlande et 18 ans au Canada, mais je voyageais déjà beaucoup quand j’étais étudiante (plusieurs mois par an) et j’ai continué depuis, maintenant entre 3 et 10 mois par an..
    .
    Pour contribuer à ton questionnement sur ce que sentent les expats hors d’Europe, en effet, je ne me sens pas concernée par les actualités « locales » (nationales), sauf sur un plan humain général….

    Lorsque les médias font leur travail lamentable et habituel de rabâchage et de lobotomisation, par exemple en enfonçant les gilets jaunes, c’est vrai que ce n’est pas un quelconque « problème français » que je vois derrière cela, mais l’expression locale d’un mal-être humain qui s’exprime sans doute autrement ailleurs.

    Les intérêts nationaux ne m’intéressent en effet pas plus que toi et je les juge en outre dépassés et contraires au bien-être de l’espèce humaine en général.

    Voyager beaucoup et longtemps m’a permis de ressentir de plus en plus la réalité, les tristes conséquences et, selon moi, le début de la fin de la « suprématie blanche » de ces derniers siècles, même si j’en fais partie…. Et je suis heureuse de ces changements. C’est bien.
    Rien ne me choque plus sur cette petite planète que les différences de richesse que beaucoup, qu’ils soient privilégiés ou victimes, considèrent acquises et normales sans réfléchir réellement et sincèrement à leurs origines.
    Bien sûr lorsque l’on est descendant de pays riches, on n’y peut rien, mais ce n’est pas une raison de trouver cela « normal » et de se sentir légitimement supérieur. C’est simplement une chance pour laquelle il faut remercier l’univers et avoir plus que de la compassion pour ceux qui ont eu moins de chance. Le racisme me dégoûte donc au plus haut point. Pour moi, c’est une aberration contre nature, tout comme le manque de respect pour la planète, les animaux, la nature.

    Je crois que d’être expatriée permet d’entrevoir plus facilement ce sentiment d’unité supérieure.

    • Merci beaucoup Peggy pour ton long commentaire. Ce que tu écris est un peu triste et mélancolique… finalement un peu comme cet article, mais je suis d’accord avec toi. Bonne continuation et essayons de rester positif !

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