PKW Maut

Des Péages en Allemagne ?

Cela fait maintenant depuis un moment qu’on en parle mais le projet de péage allemand (ou péage pour les étrangers comme il est appelé en France) est revenu sur le devant de la scène le 26 février, lorsque Alexander Dobrindt, ministre des transports a présenté son projet devant le Bundestag (l’Assemblée nationale)… Pour être claire, je suis totalement contre les péages (PKW-Maut) comme prévus dans le projet actuel ! Je vous explique pourquoi…

Jusqu’à aujourd’hui, les autoroutes allemandes ont toujours été gratuites (sauf pour les poids lourds) ! Il n’y a pas de péages et en conséquence les routes sont étroites et les travaux d’entretien durent beaucoup plus longtemps que sur nos autoroutes françaises qui comptent parmi les meilleures d’Europe. En même temps avec le prix de nos péages, il y a plutôt intérêt !

Dobrindt, le ministre allemand des transports souhaite financer la réparation des routes et des ponts en instaurant un système de péages. Jusque ici, tout semble logique…

Avec la mise en place de ce nouveau financement, tout automobiliste devra acheter une vignette. Son coup s’élèvera à 10€ pour 10 jours ou à 20€ pour deux mois.

Pour l’achat d’une vignette à l’année (ce qui intéresserait particulièrement les frontaliers), le prix serait compris entre 20€ et 150€ en fonction de l’année de mise en circulation de la voiture, de sa puissance et de la nature de son carburant. En moyenne, le prix serait tout de même de 100€.

Cependant, ces vignettes ne seront pas seulement obligatoires sur les autoroutes mais aussi sur toutes les routes ! Résultat: il y aurait une réelle frontière financière pour entrer sur le territoire allemand… Est-ce que cela ne vous rappelle pas quelque chose ? C’est exactement le système mis en place par la Suisse… qui se garde bien, elle, de faire partie de l’Union Européenne.

Petit rappel : l’Union européenne a été créée dans le but de permettre la circulation des biens, des personnes et des capitaux. Bref, vous l’avez compris ce projet est irréalisable et va complètement à l’encontre des principes généraux et fondateurs du droit européen.

En plus de revoir ses cours de droit, certains recommandent également à Dobrindt de rafraichir ses connaissances en mathématiques car les bénéfices perçus sur la mise en place des péages ne justifieraient finalement pas son installation.

En effet, dans son projet, Dobrindt s’est engagé à ce que les allemands ne paient pas le coût de mise en place des péages. Pour ce faire, il souhaite abaisser la Kfz-Steuer (la taxe automobile) que paient les allemands chaque année. Ainsi, ce que paient les allemands d’un côté, leur serait déduit de l’autre… Au final, ce ne seront donc que les étrangers en passage sur les routes germaniques qui financeront l’économie allemande.

Inutile de préciser que ceci est une discrimination opérée en fonction de la nationalité. Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission européenne, a d’ailleurs mis en garde Angela Merkel contre cette discrimination à plusieurs reprises.

De plus, cette différenciation remet au cause toute la pertinence du projet : si ce ne sont que les étrangers qui payent pour ces péages, les bénéfices ne seront que de 100 à 900 millions d’euros par an après déduction des coûts de mise en place (la différence dans l’estimation des bénéfices est grande, la majorité des experts n’arrivent pas à se mettre d’accord, ce qui démontre bien à quel point cette mesure est controversée).

Après l’énoncé de toutes ces incohérences, pourquoi souhaite-ton toujours la mise en place de ces péages ?

Ce projet est tout simplement un problème politique ! Il résulte en effet d’un compromis négocié lors de l’accord de coalition entre la CSU d’Angela Merkel et le SPD de Sigmar Gabriel.

Dans le projet de coalition, il avait été prévu par la CSU que les péages seraient installés aux conditions de la SPD, c’est-à-dire sans qu’aucun allemand ne doive subir des taxes supplémentaires.

La CSU a fait de ce projet un symbole de la coalition, il est donc difficile de revenir en arrière sans que le président du parti ne perde la face.

Mais dans de telles conditions, le projet est tout simplement irréalisable… Un des partis devra plier : pas de péages ou les allemands devront également payer… La question est juste de savoir qui gagnera à ce bras de fer politique.

De son côté, Alexander Dobrindt serait persuadé que le projet voit le jour en 2016… Ah, inutile de préciser qu’il est également le ministre le moins populaire du gouvernement…

A propos de Marie

Après avoir vécu en Allemagne de manière alternée pendant plus de deux ans, je me suis enfin installée à Düsseldorf et je compte bien y rester... Pour toujours ? Non, la vie d'expatrié, c'est fait pour bouger ! Découvrez avec moi les petites manies des allemands (mais aussi des français !) et apprenez à tolérer et comprendre le pays dans lequel vous vivez !

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